Basilique : UN PEU D'HISTOIRE
1950.....Camille Croué-Friedman a alors 60 ans. Elle vit depuis plus de 40 ans aux USA, mais elle n'a jamais oublié la ville de son enfance, ni l'église de son baptême dont elle connaît l'insuffisance des réparations et le délabrement continu.
Décédée à New-York en 1980, elle lègue à l'Evêché de Nancy une somme très importante "dans le but de reconstruire et d'entretenir la Basilique, afin qu'elle retrouve sa beauté originelle". Ce don permet donc enfin d'espérer une restauration complète dont les travaux ont commencé en 1983 et ont duré près de 15 ans.
Voici la demeure de Dieu parmi les hommes
"Heureux les sages et les dociles qui, en un temps où le monde nous dérobe tant de biens, miseront d'autant plus sur ceux qui nous restent. Nous n'aurons pas tout perdu tant que nous garderons les demeures de nos ancêtres, tant que nous pourrons les restaurer si elles tombent, les rebâtir sur les fondations anciennes, les multiplier sur des terrains neufs. Heureux qui, entrant dans leurs enceintes sacrées, entrent aussi par le coeur dans la cour céleste.
Et, bien malheureux, les hommes qui, possédant des yeux pour admirer, n'admirent des cathédrales que leur beauté, le savoir-faire qui s'y déploie, et voient en elles des oeuvres d'art, non des fruits de grâce ; ceux qui s'inclinent devant leurs formes sensibles au lieu d'y adorer "en esprit et en vérité", ceux qui comptent des pierres et mesurent des dimensions, sans y discerner les signes de l'invisible, les canons de la vérité, les enseignements de la sagesse destinés à les faire avancer sur les chemins du ciel." (CARDINAL NEWMAN)
Pourquoi, Comment, Naissance de la Basilique
Devant la menace de l'Islam, des marins italiens amènent le corps de saint Nicolas à Bari le 9 mai 1087 (en mémoire de cette translation des reliques, nous fêtons la saint Nicolas d'été, le lundi de Pentecôte)
Un peu plus tard en 1098, un seigneur Lorrain, Albert de Varangéville rapporta une relique - une phalange dit-on - dans son village de Port. Cette relique fut à l'origine de nombreux miracles. D'importants pèlerinages s'y déroulèrent qui exigèrent la construction d'une première église en 1104 où vint prêcher saint Bernard.
Dès 1120, nos ducs firent de saint Nicolas le Patron de la Lorraine. Une deuxième église remplaça la première en 1193. Elle vit la libération miraculeuse du Sire de Réchicourt en 1240.
Les illustres visiteurs :
- Le sire de Joinville apporte l'ex-voto de saint Louis en 1254
- L'empereur Charles IV en 1359
- Le roi de France en 1360, Jean II le Bon
- Les époux Boëlley vinrent depuis Corbie demander un enfant qui sera sainte Colette
- Jeanne d'Arc y pria en 1429
- Le duc Charles II offrit un bras d'or pour enchâsser la relique,
- René II en fit faire un second plus somptueux et sa fille Marguerite devenue reine d'Angleterre ne se montra pas moins généreuse
- le roi de France Charles VII
- Louis XI qui fit placer sa propre statue
Le 4 janvier 1477, le duc de Lorraine René II chassa de la ville les troupes bourguignonnes, et le lendemain dimanche, après avoir assisté à la messe et demandé la protection de saint Nicolas, partit libérer Nancy assiégée. Son adversaire Charles le Téméraire y trouva la mort.
Le duché devenu indépendant et souverain exigeait un sanctuaire national. Toute l'Europe se rencontrait à Saint Nicolas". L'afflux des pèlerins et des marchands justifiait une "grande église" qui sera le témoignage de René II. Simon MOYCET posa la première pierre en 1481 mais la construction démarre réellement en 1495, la façade fut inaugurée en 1544 et les tours terminées vers 1560.
Saint François Xavier viendra y prier ainsi que Madame Acarie (Bienheureuse Marie de L'Incarnation), saint Pierre Fourier, Mère Alix Leclerc et saint Benoît Labre. On y verra aussi les ducs de Lorraine, les princes et rois de France, Henri II, Catherine de Médicis, Charles IX, Henri III et Henri IV...
Le XVIème siècle connaît une paix relative, ferveur religieuse et prospérité économique vont de pair. Mais le passage de Louis XIII et de Richelieu annonce les désastres de la guerre de Trente Ans. En 1635, la Lorraine est ravagée, la ville pillée et l'église incendiée. Saint Nicolas de Port perd son importance commerciale, toutefois les pèlerinages sont toujours nombreux dans l'église qu'on répare peu à peu. La charpente est rétablie pour la visite de Louis XIV en 1673. L'autel, les stalles et les bulbes qui couvrent les tours sont terminés en 1725, bien avant la venue de Louis XV. A nouveau l'église subira de très graves dégradations lors de la révolution. Napoléon, Charles X, Louis-Philippe s'y arrêterons. Le XIX ème siècle apportera la statuaire et les autels néo-gothiques dans les chapelles latérales et les absidioles. Bombardée en 1940, elle n'est rouverte au culte qu'en 1950, année ou Pie XII lui confère le titre de Basilique.