VUE DE L'INTERIEUR
Après la vie et l'histoire de saint Nicolas, la Basilique vue de l'intérieur
Basilique : une distinction papale
C'est en 184 avant Jésus Christ qu'est construite la première basilique de Rome : un bâtiment utilisé principalement pour rendre la justice.
Après la reconnaissance officielle du culte par l'empereur Constantin avec l'édit de Milan en 313, de nombreuses basiliques sont offertes aux chrétiens pour permettre leurs rassemblements. Elles resteront pour la postérité "les grandes basiliques constantiniennes" que sont le Latran et Saint Pierre.
Une quantité d'aménagements ont fait que la "basilique romaine" est devenue l'église de notre époque.
Au Moyen Âge, en France, le terme basilique n'apparaît qu'en filigrane derrière celui de basilique romaine. A partir du XIIème siècle, la foi a été dangereusement bousculée à diverses reprises et c'est à ce moment que le terme basilique sera utilisé dans un sens honorifique.
Aujourd'hui, le Vatican s'engage vers un processus d'attribution du titre avec précision pour conserver le panache et éviter de galvauder ce titre. Ce n'est qu'à la fin d'une procédure, souvent très longue, que le pape promulgue la bulle (décision écrite et solennelle destinée à être portée à la connaissance de tous) donnant à une église le titre "basilique mineure" qui signifie le lien particulier l'unissant à l'Église romaine et au Souverain Pontife..
Bulle du Pape Pie XII, Basilique St Nicolas , basilique mineure
AD PERPETUAM REI MEMORIAM
Pour qu'en soit à jamais conservé le souvenir
La France est très riche en temples célèbres, chefs-d'œuvre admirables de foi et de piété. Ils ont été, au cours des siècles, comme des astres qui brillent, et, pour les peuple; voisins ou plus lointains, des foyers de civilisation humaine e. d'espérance céleste... L'église de la ville de Saint-Nicolas-de-Port, au diocèse de Nancy, dédiée à Saint Nicolas, évêque de Myre, peut à juste titre 'être comptée parmi ceux-là. Nous avons appris que, par sa majesté, sa beauté, son antiquité, élit n'est inférieure à aucun et qu'elle est supérieure à beaucoup. D'architecture ogivale, elle fut construite dans les années qui vont de la fin du XVe siècle au milieu du XVIe. Son architecture est si riche et si hardie qu'elle fait l'admiration de tous et qu'elle est regardée comme la gloire du diocèse... Les calamités des temps, les incendies, les guerres, les révolutions n'ont rien pu contre elle. Elle se présente aux regards avec deux tours d'une hauteur vertigineuse, avec une façade à trois portails richement ornés et trois nefs intérieures d'une sublime élévation... Ce qui lui est spécial et qui n'est pas pour elle un titre de gloire usurpé, c'est que les personnages les plus illustres, aussi bien que le simple peuple sont venus y exciter ou entretenir leur piété. Les Rois de France, tes Ducs de Lorraine, le célèbre Jean, Cardinal de Lorraine, qui en fit en 1545, la solennelle consécration, chacun en leur temps, aimaient à la visiter. Parmi les pèlerins, il y en eut plusieurs que, dans la suite, l'Eglise inscrivit au catalogue des saints et le premier de ceux-là fut le Serviteur de Dieu François Xavier. Innombrables, enfin, sont les chrétiens qui se rendaient en pèlerins, à l'église paroissiale de Saint-Nicolas, pour y présenter soit des actions de grâce pour des bienfaits reçus, soit des prières pour des faveurs espérées; ils faisaient avec conviction leurs dévotions à saint Nicolas de Myre... L'illustre et très aimé Charles Lavigerie, alors évêque de Nancy, avant d'être élevé à la dignité de Cardinal de la Sainte Eglise Romaine, ému par la piété de son peuple et pesant le majestueux passé de cette Eglise, demanda au Pape Pie IX, notre prédécesseur, de bienheureuse mémoire et obtint de lui que l'église de Saint-Nicolas fût enrichie de privilèges particuliers. Songeant à tout cela Notre très cher Fils, Charles Beaucourt, prêtre et dévoué curé de la ville de Saint-Nicolas-de-Port, approuvé et soutenu par notre Vénérable Frère, Marc Lallier, évêque de Nancy, nous présenta humblement une requête avisée où il sollicitait pour son église paroissiale le titre et la dignité de Basilique Mineure.
Nous, alors, nous souvenant de l'antiquité et de la splendeur de cette église et considérant l'ardente dévotion des peuples envers elle, tenant compte de la pressante recommandation de l'Ordinaire, nous avons pensé en notre libre volonté que la requête devait être agréée. En conséquence, après avoir consulté la Sacrée Congrégation des Rites, et après mûre réflexion et en connaissance de cause, usant de la plénitude de notre autorité apostolique, par les présentes Lettres et pour toujours, nous élevons l'église de Saint-Nicolas de Myre, édifiée dans la ville de Saint-Nicolas-de-Port, au diocèse de Nancy, à la dignité de Basilique Mineure et lui conférons tous les privilèges attachés à ce titre. Nonobstant toutes clauses contraires. Nous déclarons et ordonnons que les présentes Lettres et leur objet seront et demeureront sans interruption fermes, valides et efficaces; qu'elles obtiendront et garderont jusqu'à fou-jours Ieurs effets pleins et entiers. Ainsi en avons jugé et défini. S'il arrive que quelqu'un soit sciemment, soit inconsciemment, s'oppose à l'effet de ces Lettres, son acte sera considéré comme nul et non avenu.
Donné à Rome, sous l'Anneau du Pécheur, le 25 juin 1950, la douzième année de Notre Pontificat.
Les quatre "Honneurs" principaux d'une basilique
- La réception privilégiée du pape avec les moyens mis à sa disposition lors de sa venue.
- Le "parasol", ou parapluie ou ombrelle, destiné à protéger le pape, et servant d'emblème à la Basilique, aux couleurs alternées rouge et jaune. C'est le signe le plus évident de l'honneur suréminent de l'église; Il est placé, généralement, sur le côté gauche du choeur.
- La clochette précède le parasol dans les cérémonies et assure par son tintement la protection du cortège. Elle est placée à l'opposé du parasol.
- Les distinctions accordées au clergé : le "recteur" est celui qui est à la tête de la Basilique, titulaire de marques particulières : armoiries, sceaux... Le signe pontifical, clés en sautoir, peut figurer sur le sceau de la basilique.
Armoiries de la basilique St Nicolas :
blason d'azur à la nef d'argent à la croix orthodoxe posée en pal pointe en mât, trois besants d'or posés en deux et un, clefs de St Pierre or et argent posées en sautoir derrière l'écu. En chef, pavillon pontifical aux couleurs papales gueules et or, croix de Lorraine posée en pal.
Devise : «DE L'ORIENT A L'OCCIDENT»
Notre évêque
Armoiries épiscopales de Monseigneur Jean Louis Papin, évêoque de Nancy et de Toul, primat de Lorraine : d'azur aux trois croix de Lorraine posées en deux et un, croix tréflée posée en pal en arrière de l'écu. Chaque pendant du chapeau ecclésiastique est constitué de quatre rangées de houppes*, titre d'archevêque en qualité de primat de Lorraine.
Devise : « AVANCE AU LARGE » Lors de la procession ancestrale en l'honneur de-St Nicolas, monseigneur Jean Louis Papin porte le surhuméral propre aux prélats nancéiens qui héritèrent du privilège accordé aux évêques de Toul. En Allemagne (un évêque et un archevêque) en Pologne (un archevêque) on parle de « rational ». L'usage du surhuméral à Toul est attesté depuis 1165. Ce privilège fut rendu à l'évêque du diocèse de Nancy et de Toul par un bref du 16 mars 1865.
*rangée de houppes : 1 = diacre, 2 = prêtre, 3 - évêque, 4 = archevêque, 5 = cardinal.
Lien particulier entre la Basilique mineure et la chaire romaine de Pierre
Pour manifester clairement le lien particulier qui unit la Basilique Mineure et la chaire romaine de Pierre, chaque année, on célèbre avec un soin particulier :
- La fête de la Chaire de Saint Pierre (22 février)
- La solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul (29 juin)
- L'anniversaire de l'élection ou le début du suprême ministère pastoral du Souverain Pontife.
Que soit mis à l'entrée de la Basilique l'emblème pontifical.
(d'après JC Tarrin "les Basiliques aujourd'hui" 1998)
Armoiries papales de François : mitre pontificale à trois bandes d'or de Benoît XVI et les clés de saint Pierre dans la forme du blason de Jean-Paul II. Le blason est de type « espagnol », d'azur à un soleil non figuré de 32 rais d'or, chargé du monogramme IHS surmonté d'une croix pattée au pied fiché dans la barre horizontale du H, le tout de gueules, soutenu de trois clous de sable appointés en bande, pal et barre, le tout accompagné en pointe d'une étoile d'or à huit branches à dextre et d'une fleur de nard de même, versée et posée en bande, à senestre. Le meuble assez complexe situé en chef est le sceau de l'ordre des jésuites, qui reprend le monogramme du Christ, tandis que l'étoile symbolise la Vierge Marie, et la fleur de nard saint Joseph.
François a gardé sa devise archiépiscopale ; « MISERANDO ATQUE ELIGENDO». Celle-ci est tirée des Homélies de Bède le Vénérable. Ce dernier, commentant le récit évangélique de la vocation de saint Matthieu, écrit : « Vidii ergo Jésus publicanum, et quia miserando atque eligendo vidit, ait illi, Sequere me » (« Alors Jésus vit un publicain, et, parce qu'il le regardait avec des sentiments de miséricorde [ou : d'amour] et qu'il l'avait choisi, il lui dit : Suis-moi »). Cette homélie, où il est fait allusion à la miséricorde de Dieu, est reproduite dans la liturgie des Heures du jour de la saint Matthieu (21 (septembre). Le souverain pontife explique avoir ressenti sa vocation au cours de cette fête en 1953.
L'Enfant Jésus dit de PRAGUE
Dans une église de Prague (ancienne église des. Carmélites) appelée Notre-Dame-de-la-Victoire et construite entre 1511 et 1620, au fond de la travée nord émerge de I'obscurité une sorte d'écrin sculpté, en argent doré, tout entouré d'anges et de personnages. C'est une représentation qui sert de cadre à la célèbre figurine de cire représentant l'Enfant-Jésus.
Il est revêtu de somptueux costumes que l'on change selon le calendrier liturgique. Pourquoi donc tant de soins, encore de nos jours pour une simple statue de cire ? En voici l'histoire.
Une princesse qui portait le beau nom de Polyxena von Fanstein, princesse de Lobklowicz, avait reçu de sa mère (celle ci étant d'origine espagnole) une statue de cire représentant l'Enfant-Jésus. Elle pensa que cette statue serait à sa place chez les Carmélites, filles de sainte Thérèse d'Avila, donc sensibles aux dévotions venues d'Espagne. Elle en fit cadeau à l'église des sœurs et elles l'exposèrent parée de très beaux vêtements, selon la coutume espagnole.
Et voilà que des merveilles commencèrent à répondre aux prières des habitants de la ville venus honorer l'enfance de Jésus à Notre-Dame-de-la-Victoire.
Des malades guérissaient, les prières étaient exaucées, les épidémies cessaient (même la peste) et l'on attribua à l'Enfant la préservation de Prague qui ne fut pas ravagée pendant la triste guerre de sept ans.
Nous avons la chance, en effet, qu'un prieur des Carmes, l'Allemand Stéphane, ait recueilli par écrit, au XVIIIème siècle, tous les récits des merveilles attribuées à la prière au Saint Enfant.
Plusieurs de nos églises en possèdent la reproduction dont la cathédrale de Cayenne.
Les poèmes en son honneur et les récits à sa gloire sont très nombreux.
Saint Nicolas, patron des prisonniers - Ostensoir présenté à la chapelle des reliques
Ostensoir en aluminium réalisé par des prisonniers à l'Oflag VA de Weinsberg pendant l'hiver 1942-43 et offert à la Basilique de Saint Nicolas par le père René Didier (décédé le 11 avril 2006)
Du pain du prisonnier... ... au Pain de l'Eucharistie
" Si vous assistez un jour dans notre chapelle à la bénédiction du Saint Sacrement, vous verrez un ostensoir dont la forme et les dimensions se rapprochent de ce que vous avez déjà vu dans les églises, mais dont la matière, et par là la couleur, sont inhabituelles : il est blanc parce qu'en aluminium ".
Cet ostensoir a toute une histoire.
Après l'armistice du 25 juin 1940, de nombreux Français, hommes de troupes et officiers, furent emmenés en Allemagne comme prisonniers de guerre (Kriegsgefangene), dans des Oflags ou des Stalags, et vous savez que (a captivité fut longue - presque cinq ans - la nourriture toujours très limitée, souvent insuffisante - surtout le pain. Et pour nous, Français d'avant guerre, manquer de pain c'était manquer du nécessaire, de l'élément vital. Pour y suppléer, nous avons reçu des colis venus de France, principalement de nos familles, qui presque toujours se privaient pour nous envoyer, sous forme de boites de conserves, le réconfort physique et moral qui devait nous aider à tenir jusqu'au bout.
Une boite de conserve, on en mange le contenu et puis, quand elle est vide, ce n'est plus rien, on la jette. Vous croyez ? Si vous aviez pu voir ce qu'elles sont devenues, ces précieuses boites de fer blanc ! Des réchauds à gaz de papier, des jouets, des instruments de toutes sortes... ce serait trop long à décrire.
C'était encore trop beau pour nous : voilà qu'un beau jour, il n'y eu plus de fer, même blanc ! Pour les conserves, il fut remplacé par l'aluminium. C'est moins solide, ça résistait moins aux chocs dans les transports ; néanmoins, les boites en aluminium nous apportaient un précieux ravitaillement pour remédier au manque de pain.
Mais après, une fois vides, qu'en faire ? L'aluminium est plus mou que le fer, sa température de fusion beaucoup moins élevée : 660°C au lieu de 1535°C. Cela donna l'idée à plusieurs camarades d'utiliser les boites en fer qui nous restaient comme creusets pour y fondre l'aluminium et en faire de petits lingots qui pourraient se transformer en insignes, broches, petits bibelots.
A l'Oflag V A de Weinsberg, les poêles des chambres étaient bien entretenus et pendant l'hiver 1942-1943, nous touchions encore un peu de charbon. Cela permettait de réaliser quelques petites coulées d'aluminium dans des moules en terre. Deux compagnons de la baraque où je logeais, le capitaine Poulot, officier d'activé dans l'artillerie, et Minoux, lieutenant de réserve, ingénieur dans le civil, me montrant un jour leurs chefs-d'œuvre, me demandèrent quel objet de culte on pourrait faire pour la Chapelle du camp. Tous les prêtres prisonniers avaient leur chapelle portative qui contenait calice et patène... Peut-être un ostensoir pour les Saluts du Saint Sacrement. On en avait bien fait un en bois, mais, en aluminium, on pourrait faire encore mieux. Seulement, il faudrait une quantité de métal beaucoup plus importante que pour une croix de Lorraine à épingler à sa veste !
Alors, on y intéressa tout le camp : que tous ceux qui prenaient part à la vie religieuse mettent de côté les boites d'aluminium vides et les rassemblent du côté de la baraque de Poulot et Minoux.
Dans le même temps, on demanda à un compagnon, architecte dans le civil, de dessiner un projet coté, puis à un autre, modéliste à la fonderie de Senones, de réaliser un modèle en bois, tandis que moi-même, après chaque pluie, je raclais et tamisais le sable amassé dans les caniveaux du camp, en vue du moule qui serait nécessaire pour les pièces principales.
Le début des opérations se situa aux environs du 15 août 1942. Poulot et Minoux, eux, dès qu'ils recevaient un certain nombre de boites vides, les pliaient, les écrasaient, pour en réduire le volume et la surface de contact avec l'air, afin d'éviter l'oxydation et la formation d'alumine au cours de la fusion. Dès que les feux furent allumés, ils se mirent à faire des petits lingots et à les accumuler hors de la curiosité de nos gardiens.
Noël approchait. Nous savions que le moulage ne serait pas parfait, en raison de la rusticité de notre matériel : châssis en bois, sable grossier ; il faudrait donc un usinage assez long pour obtenir un objet présentable et digne de l'usage auquel il était destiné.
Si nous voulions nous en servir à Pâques, il fallait nous dépêcher. En particulier, il était urgent d'obtenir du Hauptmann de l'Abwehr deux autorisations : celle d'aller prendre dans un champ, en dehors du camp, un peu d'argile pour lisser notre moule, à défaut de noir de fumée ; ensuite, de nous servir d'un fourneau des cuisines pour fondre le métal, car il en fallait plusieurs kilos d'une seule coulée.
Les autorisations furent accordées avec un haussement d'épaules qui signifiait : "Ils sont fous, ils n'y arriveront jamais !" Pourtant la coulée eut lieu entre Noël et Nouvel-An.
Nous étions entraîner à ne pas laisser disparaître entre les mains des Allemands ce qui pouvait nous être utile ; aussi avions-nous joint aux lingots provenant des boites de conserve quelques manches de couteau (fournis par le grand Reich) qui n'avaient pas résisté à nos efforts. Nous avions également mis de côté plusieurs boites en fer (grosses boites de 5 kilos) provenant des envois collectifs du gouvernement français. Il fallut deux creusets en fer, et même trois, puisque l'un d'eux perça par aluminothermie en cours d'opération, et nous dûmes récupérer le métal dans le cendrier et le ramener à la fusion, tandis que le premier était maintenu en température jusqu'au moment de l'unique coulée.
Victoire ! Le moule fut rempli, le métal déborda par les évents, preuve qu'il ne restait pas de vide. Couler les pièces secondaires fut un jeu d'enfant. Restait l'ajustage et la finition. Nous avions trois mois devant nous, un outillage rudimentaire, mais autorisé, dans un petit atelier surveillé par un gardien, bien sûr ! Mais sa présence était discrète et quand nous y travaillions nous ne nous sentions plus prisonniers. Ce fut un des meilleurs moments de la captivité.
Buriner, limer, percer, polir, marteler (300 000 coups de marteaux), il y fallut de la patience et de l'imagination, car l'aluminium ne se travaille ni comme le fer, ni comme le bois ; alors il fallait sans cesse passer d'un outil à fer à un outil à bois. Finalement l'ostensoir fut prêt pour la fête de Pâques 1943. Béni par le chanoine Hartmann, de Nancy, capitaine de réserve, alors aumônier principal de l'Oflag, il fut utilisé là jusqu'à la dislocation du camp, nous suivit à Soest.
Puis, lorsque nous avons dû nous séparer parce que j'étais envoyé à l'Oflag X C à Lübeck, il fut décidé que l'ostensoir resterait à Soest avec Poulot et Minoux, mais qu'à la Libération - puisque j'étais le seul prêtre parmi les trois artisans - il me reviendrait si la chose était possible.
En fait, après la Libération, je reçus un message du commandant Willote, rapatrié à Nancy, me disant qu'il avait rapporté l'ostensoir dans ses bagages et qu'il le tenait à ma disposition. Peu de temps après, il me l'apportait lui-même, toujours contenu dans l'écrin que Minoux lui avait confectionné amoureusement à Weinsberg.
Le commandant Willote est mort il y a déjà plusieurs années et j'ai assisté à ses obsèques à Saint Epvre. Je n'ai plus eu de nouvelles de Poulot et Minoux. Peut-être, si cet article tombe sous les yeux de quelqu'un qui est en relation avec l'un ou l'autre...
Ainsi, ces 3,210 kg d'aluminium, qui ont d'abord contenu des kilos de nourriture terrestre pour soutenir les corps et le moral de centaines de prisonniers, témoignage de l'amour de parents, d'épouses, de frères ou de soeurs, d'amis qui se privaient pour eux, sont devenus une enveloppe respectueuse et reconnaissante pour présenter à l'adoration des fidèles le Pain de Vie, témoignage de l'Amour du Christ, qui a donné son propre corps en nourriture aux chrétiens dans l'Eucharistie, sous le signe de l'Hostie.
R. DIDIER, AUMÔNIER.